L'obligation de soins et l'alliance thérapeutique au cœur du suivi des personnes accompagnées par le réseau VIRAGE

 L'article 132-45 du code pénal, dans son alinéa 3, établit de façon catégorique l'obligation pour certains individus de se conformer à des mesures de traitement ou de soins, allant jusqu'à l'hospitalisation si nécessaire. Cette disposition légale impose un cadre contraignant dans l’idée de garantir le bien-être et la réhabilitation des personnes concernées. Dans ce contexte d’obligation, le réseau VIRAGE se positionne en tant qu'acteur essentiel de l'accompagnement des usagers pouvant avoir connu une 'incarcération ou une condamnation. En offrant un suivi psychologique adapté, il permet une transition progressive vers un espace de parole sécurisé, favorisant ainsi l'expression des différentes facettes de l'individu au-delà de son passé judiciaire. C’est dans cet espace de parole sécurisé que naissent des paroles qui n’ont parfois jamais été exprimées ou entendues. Par le. biais du nouage d’une alliance thérapeutique, les notions de bien/mal-être et bien vivre ensemble rencontrent les trajectoires individuelles des personnes accompagnées. Cette alliance thérapeutique qui se noue au sein d’une relation mise en place par obligation, relation somme toute singulière il faut bien le reconnaître, s'avère être à la fois un travail complexe et un pilier fondamental du processus de soin. En effet, au-delà de l'appellation d'obligation, cette alliance offre un terrain propice à l'exploration des émotions, des relations interpersonnelles et des expériences subjectives à la fois de la personne accompagnée et de la personne accompagnante, créant ainsi un espace de travail thérapeutique riche en découvertes dans l’objectif d’activer la résilience du sujet rencontrée. Le concept de transfert et de contre-transfert occupe une place prépondérante dans cette dynamique relationnelle. La rencontre entre le sujet et l’analysant peut, et va, susciter des émotions intenses et des réactions inconscientes de part et d’autre. Le travail thérapeutique repose sur la mise en lumière de ces mécanismes inconscient dans l’espace particulier qui nait de la rencontre entre la personne accompagnée et le professionnel accompagnant. En découvrant et en reconnaissant certains des schémas qui ont mené à s’exprimer au travers d’un acting violent, il peut être possible d'approfondir la compréhension de soi qui permettra d'avancer vers un mieux-être psychique et social. Du récit de certaines rencontrent naissent des points d’achoppement que je qualifierai de contre-transfert, l’affect ressenti par le professionnel lors du récit d’une personne accompagnée active également des schémas de son côté qui peuvent parfois permettre d’approfondir le lien qui noue la relation entre les deux protagonistes. Lorsque ce nouage est pérenne un réel travail psychique se met en place au travers des séances proposées. Les locaux accueillants du réseau VIRAGE deviennent ainsi le lieu de ces rencontres humaines profondes, où l'obligation se transforme en opportunité pour chacun de cheminer la (re)construction d’un soi capable de souplesse et d’adaptabilité. 

Geoffroy Klimpel Psychologue clinicien, psychanalyste